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Prochainement à l’affiche :

Avec une nouvelle composition pour le film « Hénaut Président » une comédie réalisée et interprétée par l’excellent Michel MULLER avec également Olivier GOURMET, il a eu la gentillesse de nous accorder une interview.

– Michel Bonjour, le 21 mars prochain, vous serez à l’affiche de la comédie « Hénaut Président » réalisée et interprétée par Michel MULLER, dites nous en plus sur ce film et sur votre travail de composition.

C’est l’histoire d’un candidat naïf et gauche à la présidentielle, qui s’appelle Pierre Hénaut (interprété par Michel MULLER) et qui cherche un conseiller en communication pour sa campagne. Il tombe sur un directeur de com, joué par Olivier GOURMET, qui voit en Hénaut un produit à faire fructifier et monter dans les sondages.
C’est un film truculent et bourré d’humour.

 

 

J’ai rencontré Michel MULLER, l’acteur réalisateur, alors qu’il était déjà en cours de montage de son film. Il avait utilisé, en musiques provisoires, certaines de mes compositions de la bande originale du film « chez Gino » réalisé par Samuel BENCHETRIT en 2011. Il était emballé et il m’a proposé de faire la musique de son film.

On était en janvier et comme c’est un film qui traite du sujet des élections présidentielles et qu’il voulait être prêt pour la sortie du 21 mars afin de coller au timing de la campagne, il y avait un rush et une urgence, pourtant il n’y a jamais eu de stress, l’ambiance de travail a toujours été très bonne.

En un mois nous devions tout faire. De l’écriture de la première note à la fin de la réalisation de la musique. Puisque nous n’avions pas beaucoup de temps, je n’ai pas vraiment travaillé en synchro avec les images (méthode consistant à composer la musique directement sur les images monté du film NDLR). Comme le montage changeait jusqu’au dernier moment, je n’avais qu’un montage provisoire à partir duquel, j’ai développé indépendamment mes thèmes musicaux.
Puis j’envoyais mes musiques et c’est principalement le monteur qui a calé chaque piste sur l’image.
C’était très expéditif et très précis comme méthode, mais on s’est tout suite bien entendu avec Michel MULLER. Il y avait une pression du travail mais jamais une pression humaine.

– Comment avez-vous débuté votre carrière de compositeur de musique de film ?

J’ai toujours été passionné par la musique à l’image. Avant de faire de la composition pour le cinéma, j’ai toujours adoré la relation entre une musique et une action, une musique et une image. Et puis j’ai toujours aimé les musiques de films qui vivent d’elles mêmes, ma grande référence a toujours était Ennio MORRICONE, quand tu écoutes une de ces compositions, tu voies le film.

Puis il y a eu ma rencontre avec Lardux films, qui m’a présenté le réalisateur Christian PHILIBERT, qui était en tournage de son premier long métrage « les 4 saisons d’Espigoule« . Je suis allé sur le tournage du film en pendant 2, 3 jours, pour m’imprégner de l’ambiance et j’ai immédiatement été conquis par le projet et par l’homme. J’ai composé un thème qui lui a plu et c’est parti comme ça.

– Parlez nous de vos collaboration avec le réalisateur Christian Philibert (membre du collectif Brokatof) et pour lequel vous avez composé la musique de ses deux longs métrages « les 4 saisons d’Espigoule » et « Travail d’arabe ».

Christian fait parti de ces réalisateurs, comme Samuel BENCHETRIT, qui ont une vraie grande culture musicale. C’est toujours très pointu avec lui car il fonctionne souvent par références musicales .
Si je me rappelle bien, une des premières références qu’il m’ait donné pour la composition des « 4 saisons d’Espigoule » était la musique du film « L’anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne« . Même si au début cette référence ne m’a pas trop inspirée, elle a apporté un certain nombre de d’idées et de couleurs musicale dans la composition de la bande originale du film. On a beaucoup fonctionné comme ça, en terme de références musicales.

C’est quelqu’un qui a déjà une vraie idée de ce que sera la musique dans son film, il y a un vrai dialogue et il donne les bonnes pistes.

 

 

Sur « Travail d’Arabe » c’est allé très vite, j’ai trouvé les 2 thèmes tout de suite. On voulait que ce soit un « Western couscous » en référence aux « westerns spaghetti ». Je me souviens très bien qu’il y avait 3 mots clef sur la musique : on avait le Oud qui était l’instrument référence arabe, puis l’Harmonica pour les clins d’oeil aux westerns, et enfin le Human beat box en rapport avec un des personnages du début du film.

– Quand vous travaillez sur la composition d’une bande originale de cinéma quels sont vos sources d’inspiration ?

J’aime travailler directement à partir du scénario (ce que je suis actuellement en train de faire sur deux projets) mais aussi sur les discussions et échanges avec le réalisateur et puis j’aime bien avoir la possibilité de faire une maquette avant le tournage.

Je pense que c’est une source d’inspiration pour le réalisateur, ça l’aide à se projeter dans son film. Mais la source d’inspiration finale vient avec les images, elles aident à articuler la musique avec l’histoire et les personnages. Par exemple, pour le film « chez Gino« , le thème principal du film a été trouvé avant le tournage, il y a environ 50% du film qui a été monté avec les maquettes, puis il y avait 3, 4 scènes dans le film ou il y avait besoin de faire une composition à l’image, un travail en synchro.

J’ai besoin aussi de sentir l’ambiance d’un tournage, c’est pour ça que j’essaye le plus souvent possible de me rendre sur les plateaux des films sur lesquels je travaille.

– Une des principales difficultés pour les compositeur de cinéma est le problème de l’utilisation par les réalisateurs et les monteurs de musiques provisoires en attendant la finalisation des musiques définitives. Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

Oui c’est en effet toujours une difficulté, le problème se pose également avec les maquettes que tu fais à la va vite, et bien tu peux te retrouver coincé avec parce que le réalisateur est tellement attaché à ces maquettes, quoi que tu fasses derrière le réalisateur n’arrive pas à retrouver l’émotion de la première démo.

A ce sujet, j’ai deux anecdotes sur la musique de « chez Gino » :
Le réalisateur me demande de faire le thème brut sans arrangement ni orchestration pour l’écouter. Je lui fait une petite maquette rapide avec un petit son de mandoline basique, et a l’arrivé, c’est ce son là qui est dans le film. Je lui ai proposé la même musique avec des vraies mandolines, avec de la guitare, de la harpe, etc.. mais il ne retrouvait pas les même émotions. C’est ce petit son « provisoire » qui est dans le film et au final il avait raison puisque ça marche très bien.

Puis il y a une musique à la guitare interprétée par Olivier-Roman Garcia, qui un jour, alors qu’il était en tournée m’envoie une démo du thème enregistrée dans sa chambre d’hôtel. J’envoie cette maquette au réalisateur, en référence, il adore le titre et l’insère dans le film en cours de montage. Les versions ré-enregistré en studio sans le bruit du frigo de l’hôtel en fond n’avaient pas la même émotion pour le réalisateur. Et en effet, cela fonctionne très bien comme ça.

Ça c’est une vrai leçon que j’ai appris, quand tu donnes un élément a un réalisateur, il peut souvent se retrouver dans le montage final. Autant dans la pub, quand tu composes, il faut que le son soit impeccable dès les premières maquettes, autant dans le cinéma, la chose qui intéresse souvent un réalisateur c’est l’émotion qu’une musique va apporter a son film et a son histoire.

– Comment votre musique s’articule-t-elle avec l’histoire et les personnages ?

Il est évident que l’histoire et les personnages induisent une orchestration, un rythme, une émotion. Mais il se trouve que mes musiques sont toujours très mélodiques notamment sur les deux derniers films (« chez Gino » et « Hénaut président« ) ou la partition musicale est essentiellement thèmatique. En fait, mes musiques s’articulent très souvent de façon mélodique par rapport à l’histoire et aux personnages.

– Tous les compositeurs de musique de film n’écrivent pas leurs propres orchestrations, travaillez-vous seul ou avec des collaborateurs et une équipe ?

Cela dépend toujours des budgets et des délais. Sur le film « chez Gino » et sur la publicité de « TIJI » j’ai par exemple travaillé avec l’orchestrateur Jean Pascal BEINTUS (orchestrateur également de Alexandre DESPLAT, compositeur du « Discours d’un roi ») . Je n’ai aucun problèmes à déléguer, à m’entourer de collaborateurs, d’autant plus qu’orchestrateur c’est un vrai métier et que c’est un plus pour ma musique, il va m’apporter de nouvelles couleurs orchestrales et des nouvelles idées.

– Les délais pour la composition, les arrangements, l’enregistrement et le mixage d’une musique de film sont souvent très courts, comment vous organisez-vous votre répartition du travail ?

La première chose par laquelle je commence : trouver le thème du film.
Après, c’est un aller retour permanent avec la salle de montage, car je suis tributaire du montage image.
A partir du moment ou j’ai un ou deux thèmes forts, la musique prend un sens avec les images et tout devient plus clair.

Quand tu écris une musique de film, il faut savoir bien s’entourer. Pour « les 4 saisons d’Espigoule« , le casting musical a été très important. J’ai choisi les musiciens pratiquement un par un pour trouver les bons interprètes, et à partir de ce moment là, je savais que quoi que j’écrive, ça allait sonner.

– Quelles sont les meilleurs souvenirs de votre carrière ?

J’en ai beaucoup, à chaque fois c’était des expériences différentes et enrichissantes. Alors bien évidemment je suis très attaché à la musique des « 4 saisons d’Espigoule« , c’est mon premier long métrage, un film complètement délirant, que je revoie toujours avec grand plaisir.
Pourtant à l’époque, j’avais vraiment l’impression d’en avoir trop fait !
En effet, il y a un nombre incalculable de thèmes dans ce film, et je comprend aujourd’hui, que c’est ce qui fait l’originalité de cette partition.

Un autre moment important de ma carrière est ma rencontre avec le réalisateur Samuel BENCHERTRIT. En fait on se connait depuis longtemps, j’avais travaillé sur ses deux premiers courts métrages. Pour la musique de « chez Gino » on est parti enregistrer des cordes à Bruxelles , et quand l’orchestre s’est mis à jouer le thème, Samuel m’a confié avoir eu « grand un moment de cinéma ». Ça m’a beaucoup touché.

Dernièrement, sur le film « Hénaut président« , la rencontre avec Michel MULLER fait aussi partie des très bons souvenirs. Il est drôle et bourré de talents. Au final, une très belle expérience humaine.

– Quelles sont vos bandes originales de chevet ?

J’ai toujours été un grand fan d’Ennio MORRICONE (le bon la brute et le truand), Nino ROTA (8 1/2), Alberto Iglésias (Tout sur ma mère), Jerry Glodsmith (Patton), Lalo Schifrin (Bullitt) ou encore la musique du film « l’Affaire Thomas Crown » composée par Michel Legrand.

– Comment la crise du disque affecte-t-elle le secteur de la bande originale de films ?

Les budgets alloués à la musiques de films se réduisent d’année en année, ce qui est une aberration car tu peux considérer qu’il y a trois auteurs dans un film : le scénariste, le réalisateur et le compositeurs. Ce sont trois postes qui génèrent des droits d’auteur, mais la musique est toujours la 5ème roue du carrosse…

Même si la crise du disque affecte surement en partie les vente de bandes originales, le succès d’une bande originale passe d’abord par le succès d’un film.

Il y a toujours des exceptions, par exemple, « les 4 saisons d’Espigoule » qui est devenu un film culte. Encore aujourd’hui, les gens m’écrivent pour trouver la bande son du film. (n’hésitez pas à contacter Michel KORB qui doit avoir encore quelques exemplaires de la bande originale NDLR)

– Donnez nous votre avis sur les droits d’auteurs et les statuts des artistes en France, pensez-vous que des réformes doivent être faites ?

Bien évidemment il y a des réformes à faire, mais malgré tout, je trouve qu’en France on est assez privilégié par rapport à d’autres pays ou le droit d’auteur n’est pas aussi bien protégé.
Et pourquoi pas, créer une commission de l’aide à la musique de film, comme celle du CNC pour l’aide à l’écriture…

– Parlez nous de vos futurs projets.

Un projet qui arrive et qui est assez excitant c’est une « suite » ou une continuité des « 4 saisons d’Espigoule« . Je sais que Christian PHILIBERT est parti avec sa caméra et qu’il a déjà beaucoup tourné, j’attends avec impatience de voir les premières images.

Sinon je suis actuellement sur un documentaire pour ARTE sur (le Prince Charles ), ainsi qu’en phase de recherche de thèmes sur les prochains films de Samuel BENCHETRIT et de Anna MOUGLALIS.

Je suis également en phase de développement pour un projet de comédie musicale sur Paris.

Merci à Michel KORB pour cet entretien et rendez-vous à partir du 21 Mars prochain pour découvrir dans les salles de cinéma « Hénaut Président » réalisé et interprété par Michel MULLER.